Ce n'est que le début...
LE MONDE | • Par Isabelle Rey-Lefebvre
L’Insee révèle, dans une étude publiée mercredi 23 décembre, que le taux de pauvreté a légèrement augmenté en 2014, passant de 14 % l’année précédente, à 14,2% des ménages français qui vivent donc avec des ressources ne dépassant pas 1 002 euros (60 % du revenu médian) par mois et par unité de consommation*.
La pauvreté touche donc, aujourd’hui, en France, 4 millions de ménages, familles monoparentales en tête, soit 9 millions de personnes. Elle avait beaucoup empiré, entre 2008 et 2011, passant de 13 % à 14,4 % des 28 millions de ménages, puis régressé légèrement, en 2012 (14,3 %) et 2013 (14 %). Malgré cette aggravation, la France est, des pays européens, l’un des moins touchés par la pauvreté, certes plus que la Norvège (10,1 % en 2011) mais devant l’Allemagne (16,1 %) ou le Royaume-Uni (16,2 %).
Le chômage, principale cause
Cette dégradation se produit en dépit des mesures sociales et fiscales, par exemple la réduction de l’impôt sur le revenu des ménages modestes ou la revalorisation du Revenu de solidarité active (RSA) et du minimum vieillesse, prises par le gouvernement en 2014, et sans lesquelles le taux de pauvreté aurait encore enflé de 0,5 point.
Elle s’explique essentiellement par le chômage, toujours en hausse, et par la multiplication des périodes d’inactivité des travailleurs en contrat à durée déterminée ou en intérim, l’économie française manquant tout bonnement de croissance. Contrairement à ses voisins italiens, allemands ou anglais, la France n’a pas, pour tenter de résorber le chômage, choisi la voie de la baisse du salaire horaire, qui n’est donc pas en cause dans ces constats.
Accentuation des inégalités
Triste corollaire, les inégalités s’accentuent légèrement, selon le coefficient de GINI** : en 2014, il atteint 0,295, en hausse de 0,04 point, en un an, alors qu’il s’était stabilisé à 0,303, entre 2010 et 2012, suite à une hausse brutale en 2010.
Ces chiffres sont cependant encore provisoires, l’Insee les livrant par avance sur le calendrier habituel (qui exige 21 mois de calcul) afin de donner aux gouvernements et à l’Europe les données les plus fraîches possibles pour évaluer et adapter leurs politiques. S’applique-là une nouvelle méthode, déjà testée par l’Office for National Statistics anglais, dite de micro-simulation à partir de données partielles.
* UC : dans un ménage, le premier adulte compte pour une UC, toute autre personne âgée de plus de 14 ans, pour 0,5 UC et tout enfant de moins de 14 ans pour 0,3 : une famille de deux enfants dont un de moins de 14 ans compte donc pour 2,3 UC et le seuil de pauvreté se situait, pour elle, en 2014, à 2 304 euros de revenu mensuel.
** Ce coefficient évolue de zéro à un. Zéro étant l’égalité parfaite, où tout le monde est au même niveau de vie, et un, l’inégalité extrême, où une personne dispose de tout le revenu, rien pour les autres.
- Isabelle Rey-Lefebvre
Journaliste au Monde Suivre Aller sur la page de ce journaliste
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