87 000 jeunes sont toujours en attente d'une affectation pour la rentrée. Et dénoncent le fait que seul le hasard tranche dans les établissements sous tension.
Ils font partie de ces milliers de bacheliers
toujours en attente d'affectation à l'université. Ce samedi; ils sont encore près de 87 000 à ne pas savoir s'ils auront un point de chute à la rentrée. Parmi ces recalés du système d'
admission post bac (APB), des situations angoissantes confinant parfois à l'absurde.
Titouan, 17 ans, a été reçu au diplôme du
baccalauréat, section scientifique, avec la mention très bien et 18 de moyenne. Cet ancien lycéen dans la Manche voulait rejoindre une fac de Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) et se retrouve sur liste d'attente dans toutes les facultés qu'il a demandées durant la formulation de ses choix sur
le controversé logiciel APB. Comme la sélection est interdite en France pour
l'entrée à l'université, la sélection s'effectue par tirage au sort lorsque les demandes sont supérieures aux capacités d'accueil - une mesure que la
ministre de l'Enseignement supérieur a d'ailleurs promis d'éliminer à la rentrée 2018.
"Il était prêt à redoubler sa terminale"
"J'étais un peu déçu quand j'ai appris la nouvelle. J'avais fait plusieurs salons de l'étudiant et on m'avait dit comment les choses fonctionnaient. Je connaissais les règles du jeu (...) Il ne faut pas être négatif. Ces tirages au sort permettent à des élèves qui ont de moins bonnes notes d'être admis malgré leur dossier", raconte Titouan dans l'hebdo local
La Manche libre. "Aujourd'hui, il faut reconnaître que Titouan est sur le carreau. Mais il est tellement motivé qu'il était prêt à redoubler sa terminale", dit son père.
Il y aussi la situation d'Antoine, bac ES obtenu avec la mention bien, racontée dans
Le Parisien. Ce bachelier qui vit dans les Hauts-de-Seine rêve de devenir avocat depuis l'école primaire. Il formulé un voeu groupé pour toutes les facs de droit de sa région, soit 14 universités, auxquelles il a ajouté une double licence sciences politiques-droit et une licence d'histoire. "Le pire, c'est que mon dossier n'a même pas été consulté, et je n'ai pas envie qu'un tirage au sort décide de mon avenir", regrette-t-il. Cet été, il compte démarcher les facs par lui-même, armé de lettres de motivation et de recommandations de ses professeurs.
Tancrède, lui, s'est fendu d'une tribune dans nos colonnes pour dénoncer l'algorithme utilisé par APB. "Reçu au bac avec mention assez bien, avec une moyenne générale de 13 durant mes années de Première et de Terminale, je ne pensais pas avoir démérité, même s'il y a évidemment meilleur que moi. Je souhaitais pouvoir suivre un cursus en sciences humaines dans l'optique de passer plus tard des concours d'entrée pour travailler dans la Défense nationale. Pour aider celles et ceux qui justement étaient à l'honneur
ce 14 Juillet (...) Je n'aurais jamais imaginé que mon avenir dépendrait d'un logiciel", déplore-t-il.
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Cette année, le nombre de formations en tension était plus élevé que l'an passé. A l'origine de ces situations, la hausse démographique et l'augmentation du nombre de bacheliers souhaitant poursuivre des études ou encore des problèmes
d'orientation dans les lycées.
"Pas de place à l'humain"
D'autres ont bien été reçus à l'université, mais n'ont obtenu que leur dernier choix, et se posent la question de partir étudier à l'étranger, comme Philippine, bac ES avec mention bien, qui témoigne dans
ELLE. "Ma sensation c'est qu'APB est un algorithme qui ne laisse pas sa place à l'humain. J'aimerais tellement que chacun et chacune d'entre nous soit mieux accompagné tout au long de cette période importante de la vie (...) Or, ce qui se joue après le bac est absolument déterminant: il s'agit de notre avenir à toutes et tous, de nos ambitions, de nos désirs d'accomplissement et de réussite", dit celle qui a finalement décidé de rejoindre une université anglaise pour étudier les sciences de l'éducation.