La litérature Francophone
au
Viet-Nam
1 La littérature française de l’Indochine
Quand les Français occupèrent le sud du Viêt-Nam, ils
décidèrent d’effacer l’influence chinoise en éliminant les deux écritures
courantes, le chinois, langue officielle et le nôm, écriture idéographique de
la langue vernaculaire, utilisant un assemblage de caractères chinois. A la
place, l’administra-tion des amiraux lança le Quôc-ngu, langue nationale à
écriture phonétique, utilisant l’alphabet latin. Les visées ultimes des
Français étaient d’habituer la population à l’alphabet puis de là, à introduire
le français. Le Quôc-ngu devait avoir une existence transitoire seulement. Le
projet était gran-diose mais reçut des critiques de plusieurs directions. En
particulier, prévoyant que le français était trop difficile pour
l’enseigne-ment de la masse, certains avaient même suggéré un français
simplifié pour que les masses l’assimilent plus rapidement. Dans ces
conditions, le Quôc-ngu et la littérature en langue française avaient peu de
chance de survivre. (1)
2. Le développement du Quôc-ngu
Alors que les écritures savantes sino-confucéenne et
vernaculaire perdaient de leur influence graduellement, la langue nationale
survécut grâce à la nouvelle écriture romanisée, sous le nom erroné mais déjà
consacré et finalement accepté de Quôc-ngu. (2) Le Quôc-ngu connut un
développement plus grand et son essor dépassa toute espérance. Ceci est dû à
l’effort concerté de deux générations: la première dans le sud, autour de
Pétrus Ky (1837-1898) et de Paulus Cua (1834-1907); la seconde au Nord, avec
l’école Dông-kinh nghia-thuc (1907-1908) puis les journalistes rassemblés
autour de Nguyên van Vinh (1907-1917) et Pham Quynh (1917-1932). Aubaret,
spécialiste des colonies souleva la question qu’un développement trop avancé du
Quôc-ngu pourrait être un obstacle à celui du français. Les premiers bâtisseurs
du Quôc-ngu étaient aussi bilingues ou trilingues. Pétrus Ky composa le premier
abrégé de grammaire de la langue française à l’usage des Vietnamiens; Pham
Quynh écrivit et donna des conférences en français; et Nguyên van Vinh étaient
parmi les tra-ducteurs les plus féconds qui disséminèrent la littérature
française au Viêt-Nam. Pendant plusieurs décennies, les deux littératures
française et Quôc-ngu se développèrent parallèlement comme deux branches d’un
tronc commun.
3-Historique de la francophonie dans les années 70
La terminologie moderne parle de litté-ratures francophones.
Nous allons adopter cette expression nouvelle bien que dans les années trente,
les auteurs vietnamiens aient pris soin d’expliquer leur désir d’écrire en
français et ne pensaient qu’à une littérature d’expression française. Pham
Quynh citait le jugement d’un diplomate italien sur les é-crits par des
Vietnamiens:
C’est une littérature qui frappe par (...) un trait de
forme... La langue française en est précise et claire; on sent qu’elle découle
d’une étude longue et amoureuse, non d’une facilité levantine comme le français
des Syriens. (3)
La francophonie au Viêt-nam prit sa place dans
l’Histoire des Littératures parue sous la direction de Raymond Queneau
en 1956. Elle réapparut dans Culture Française en 1957. Une étude
plus complète de la francophonie au Viêt-Nam par Nguyên xuân Bao était insérée
dans Littératures de langue française hors de France en 1974. Ce
fut le dernier rapport positif de la francophonie au Viêt-Nam, un an avant que
le Sud ne tombât sous le joug communiste.
La plupart des auteurs citent ce rapport car il est de loin
le plus complet, le plus récent en date. Il fut préparé par une autorité en la
matière: Bao était le doyen de la Faculté des Lettres de Saigon.
Selon lui, l’histoire de la francophonie au Viêt-Nam peut se
diviser en quatre périodes.
a- la première est celle de la naissance depuis le
milieu du XIXè jusqu’en 1913, date de la parution de deux premières oeuvres de
création. Les auteurs principaux n’étaient autres que Pétrus Ky et Paulus Cua.
b- La deuxième période s’étend de 1913 jusqu’en 1940 avec le
plein développement durant l’époque coloniale. La grande variété des
genres démontrait une maturité intellectuelle et technique. Un point était à
signaler: le malaise social souligné par le conflit entre les générations et
entre les gens éduqués sur place et les universitaires de retour de la
métropole.
c- La troisième couvre les époques de guerre, 1940 à
1954. Un mouvement de "retour aux sources’’ et aux traditions
vietnamiennes se précisait.
d- La quatrième période commença en 1954 et dura
jusqu’au moment où le rapport fut préparé, en 1974. Nguyên xuân Bao y décrivait
la ‘’double vocation nationaliste et universaliste’’. La production d’œuvre
francophone restait très limitée au Nord, marquée ici par ‘’une certaine
idéologie et un certain militantisme’’. (4)
Après la conquête du Sud par le Nord, la littérature
francophone, comme la littérature en général du Sud, disparut. (5) Le
gouver-nement communiste décida que la culture francophone était étrangère et
ne faisait pas partie du patrimoine national. En 1977, le Guide culturel de
l’Université de Laval concluait qu’avec la réunification du pays sous le régime
communiste, le "destin des langues occidentales (était) scellé’’. Brandon
en 1979 commenta: "l’Indochine est donc sortie de la francophonie, une
période s’achève, l’histoire recouvre ses droits..’’ et "la géographie
reprenait simplement ses droits’’. Dans la Littérature Francophone de Bordas en
1986, l’Indo-chine n’était plus dans le paysage. En 1992, quand Valérie Daniel
présenta sa Franco-phonie au Viêt-nam, elle étudia les problèmes économiques et
politiques plutôt que littéraires. En fait, elle commenta qu’à la différence de
l’Afrique qui avait produit des auteurs francophones de dimensions
internationales, le Viêt-nam colonial et post-colonial n’engendrait que
"quelques écrivains connus et reconnus’’. (6)
4- La Francophonie revisitée, au tournant du millénaire
Il n’est pas déraisonnable de revisiter l’histoire de la
francophonie au Viêt-Nam et de la compléter par des additions nouvelles dans
les vingt-cinq dernières années. Nous proposons donc une révision.
a- Période de préparation de la souche commune: 2e
moitié du XIXe siècle. A la base de cette souche était Pétrus Ky, le
séminariste polyglotte qui prenait à cœur la tâche de développer le Quôc-ngu en
traduisant les textes anciens, en enseignant le Quôc-ngu et le français au
Collège des Interprètes et en produisant des matériaux pour les études, en
particulier les abrégés de grammaire du français et du Quôc-ngu. En son temps et
travaillant avec lui étaient Paulus Cua et un lettré non chrétien, Truong minh
Ky. De cette souche commune, se développèrent deux branches: la littérature
vietnamienne en Quôc-ngu et la littérature d’expression française.
b- Période de formation: le premier quart du XXe
siècle.
Cette période vit le changement d’atti-tude des lettrés qui
se tournaient vers l’é-cole occidentale. Ils choisissaient finalement la voie
de la modernisation. En même temps, se constituait une élite ‘’collabo-
rationiste’’ peu nombreuse dans les milieux urbains. Les auteurs venaient des
premières générations de diplômés des écoles nouvel-lement établies. Dans ce
cadre de change-ment philosophique et socio-culturel, la fran-cophonie se
développait avec quelques oeu-vres représentatives de genres variés.
1- Dans l’érudition, c’était L’idéal du sage (1928), Les
humanités annamites (1928), Quelques conférences à Paris (1923) de
Pham Quynh.
2- Au théâtre, Nguyên van Câm, envoyé en exil, écrivit une
comédie : Les amours d’un vieux peintre aux Iles Mar-quises.(1901)
3- En poésie, Nguyên van Xiêm publia son recueil, Mes
heures perdues (1913)
4- Lê van Phat contribua à la connaissance de la culture
locale avec ses Contes et Légendes (1913) et Légendes du ver à soie
(1924)
5- Dans l’autobiographie: Nguyên van Nho donna la première
autobiographie-romancée Souvenirs d’un étudiant (1920)
6- Pour les mœurs, Nguyên phan Long dénonça l’évolution trop
‘’modernisée’’ dans Le roman de mademoiselle Lys, Journal d’une jeune fille
cochinchinoise (1921)
7- Le récit et le reportage étaient repré-sentés par A
travers l’Allemagne, la Belgique et l’Angleterre (1924) de Lê van Duc.
c- Période de plein développement: 2e quart du XXe
siècle
Dans les années trente, les premières générations
d’étudiants revenaient de France. On trouvait dans les oeuvres une admiration
sincère des civilisations gréco-romaines et françaises exprimées dans Pierres
de France et Apprentissage de la Méditerranée par Nguyên manh Tuong
en 1937. Un sentiment francophile semblable se développait dans les colonies
chez les nouveaux diplômés des écoles franco-indigènes et des écoles
professionnelles. Nguyên tiên Lang et Trân van Tung étaient parmi ce groupe. La
présence de ces deux groupes francophiles jeunes en face des générations plus
âgées qui cheminaient vers la modernisation d’un pas plus lent et modéré, causa
des conflits triangulaires: jeunes contre anciens, anciens étudiants de
formation locale contre les ‘’retournés’’. Se tenant à l’écart, le groupe Responsable
de Huê publia en 1939, deux cahiers concentrés sur les thèmes de la famille et
de la culture. Un autre groupe idéologique opérant en France, - où les
conditions étaient plus ouvertes que dans les colonies-, restait très
activiste, demandant un changement total de l’administration coloniale,
appelant parfois même à l’insurrection.
Quant aux genres littéraires, en une vingtaine d’années, la
Francophonie donna une production variée.
1- Un nationalisme modéré axé sur la culture, l’identité
nationale et le réformisme éclairé produisit des Essais franco-annamites
de Pham Quynh (1936-37), L’Annam qui naît et Nguyên truong Tô et son
temps (1936) par Dao dang Vy.
2- Au théâtre, Vi huyên Dac publia Eternels regrets (1938).
3- Parmi les poètes, Nguyên Vy produisit Premières
poésies (1934); Nguyên van Yêm, Chansons pour Elle (1936); Pham van
Ky, Une voix sur la voie (1936) et Fleur de Jade (1943); Pierre
Dô-Dinh, Le grand Tranquille (1947); et Trân van Tung, Muses de Paris
(1942) et Le cœur de diamant (1944).
4- La tradition des contes et légendes se continuait avec Légendes
des Terres sereines (1942) par Pham duy Khiêm et La tortue d’Or
(1945) par Trinh thuc Oanh.
5- Le témoignage et la représentation de soi furent
représentés par Souvenirs d’un enfant de campagne (1945) par Trân van
Tung et Les carnets intimes de Heou-Tam, étudiant d’Extrême Orient
(1945) par Hoang xuan Nhi.
6- Le roman social contient des titres comme Ba dâm
(Mme la Française) par Truong dinh Tri (1930) et Vingt ans (1940) par Nguyên
duc Giang.
7- En récits et reportage, Lê van Duc continuait à narrer
ses voyages, Voyage en Orient, Pèlerinage en Palestine (1924).
8- Le marxiste Trân duc Thao écrit Phénoménologie et
matérialistique dialec-tique.(1951)
Au point de vue d’idéologie et de thème, les
"retournés’’ produisirent dans leur en-thousiasme, plusieurs oeuvres dans
les an-nées trente et quarante, chantant la culture occidentale:
Construction de l’Orient: Pierres de France (1937) et Apprentissage de
la Méditerranée (1939) par Nguyên manh Tuong, L’école de France
(1938) et Muses de France (1942) par Trân van Tung. La culture
vietnamienne fut présentée aux étrangers à travers les oeuvres L’Indochine
la Douce (1935) par Nguyên tiên Lang, Le paysan tonkinois...(1930)
par Pham Quynh, Le culte des Immortelles en Annam (1944) et La
civilisation annamite (1944) par Nguyên van Huyên. La littérature nationale
ancienne fut mise en honneur avec des traductions des classiques Nôm: Hoa-tiên
(1939) par Nguyên tiên Lang, Thuy Kiêu, voix nouvelle sur un thème éternel
de souffrance (1942) et Plaintes d’une Chinh-phou (1943) par Hoang xuân
Nhi.
Cette période fut la plus productive car le problème de
modernisation, le choc des différences inter-générationelles, le retour aux
sources, les problèmes sociaux, les idéologies étaient autant de sujets à
discussion. L’arrivée des Japonais sur la scène politique puis la guerre
d’Indé-pendance vont refroidir le zèle de production et apporter un climat tout
différent sur la scène littéraire.
d- Période de repliement: troisième quart du siècle.
Avec la guerre en 1946 suivie de la division du pays en
1954, la production francophone se ralentit considérablement.
1- Dans le Nord, Nguyên manh Tuong décrivit la position
intolérable des francophiles-collaborationistes (pour éviter le terme
collaborateur qui a acquis une connotation péjorative). Il fit appel aux
Français pour qu’ils s’élèvent contre la guerre: Lettre à un ami de France.
(1953)
2- Au sud où il restait encore une certaine liberté de
pensée et d’expression, la production continua à un rythme moins généreux.
Parmi les oeuvres d’érudition, citons Le roman vietnamien contemporain
(1972) de Nguyên xuân Bao. Cung giu Nguyên écrivit régulièrement, produisant
successivement Volontés d’existence (1954), Le fils de la baleine
(1956) et Le domaine maudit (1961). Au théâtre, Vi huyên Dac publia un
autre drame, Gensis Khan (1972), tandis que Huynh khac Dung présenta Hat
bôi, le théâtre traditionnel du Viêt-Nam (1970). Vo long Tê publia
plusieurs recueils de poésie: Lumières de la Nuit et Symphonie Orientale
(1966). Il fit aussi des études sur le jeune poète Han-mac-tu, L’expérience
poétique et l’itinéraire spirituel de Han mac tu (1972) et Présence de
Rimbaud au Viêt-Nam (1973).
3- Les auteurs vivant à l’étranger échappaient aux vicissitudes
de la guerre et écrivaient dans des conditions plus favorables. Pham duy Khiêm
raconta un amour contrarié dans Nam et Sylvie (1957); Citons d’autres:
Pham van Ky, Perdre la demeure (1961); Nguyên van Châu, Les reflets
de nos jours (1955); Ly thu Hô, Printemps inachevé (1961) et Au
milieu du carrefour (1969). Nguyên van Cân posa des questions d’ordre
moral, philosophique et politique: Une philosophie pour la jeunesse
d’aujourd’hui (1961) et Viêt-Nam, prends- garde de te perdre corps et
âme (1967)
e- Le renouveau: le dernier quart du siècle.
Au lendemain de l’occupation du Sud en 1975, la voix
francophone s’est tue dans tout le pays. Peu à peu, dans les années
quatre-vingt, la situation socio-politico-éco-nomique se détériora rapidement.
Avec l’éclatement du bloc communiste et la détente, les relations
internationales ont évolué vers une politique de coopération. La France
avançait la cause de la franco-phonie comme moyen de communication et
d’entr’aide économique. Le Viêt-Nam communiste s’est joint aux conférences des
sommets francophones. Les publications reparurent modestement sous la forme de
plusieurs traductions, en particulier celle de Tristan et Iseut.(7) Une
liste des traductions contient plus de 75 titres en 1999. Un organisme pour la
traduction, sous le signe de la coopération franco-vietnamienne, fut formé et
au début de 2003, il prit le nom de Nguyễn Văn Vĩnh , en l’honneur du
journaliste, éditeur et traducteur qui a tant contribué à la diffusion des
oeuvres français au Viêt-Nam dans les décennies 20 et 30. On parlait de
francophonie résiduelle ou de survivance francophone. Une voix qui s’était tüe
pendant les années de guerre et de construction socialiste se leva pour
dénoncer le pouvoir arbitraire. Il s’agit de celle de l’humaniste Nguyên manh
Tuong. Dans Un excommunié: procès d’un intellectuel, (1992), récit
auto-biographique, il raconta ses mésaventures de francophile dans la guerre
d’indépendance, et de juriste sous un régime arbitraire. En France, l’arrivée
des réfugiés produisit une nouvelle génération qui prit conscience de son
identité et de ses racines. On entendit des voix humanistes et l’on put trouver
la quête de l’identité dans La métisse blanche et Colons blancs et Eves
jaunes de Kim Lefèvre et Calomnies et Voix de Linda Lê. Voix fut traduite en
Vietnamien en 2003 ; la traduction a reçu des critiques controver-sables. (8)
En 1997, au seuil du Sommet de la Francophonie qui se tenait au Viêt-Nam,
Thê-Gioi à Hanoi publia, dans une édition bilingue, une collection de nouvelles
tra-duites par Nguyen binh Thanh, en asso-ciation avec Minh-Yen et Clémentine
Dujon. Le titre était Le Serment au clair de lune. L’année suivante, une
autre collection de nouvelles apparut aux Editions de l’Aube sous le titre
commun La fille du fleuve par Nguyên quang Thieu et autre nouvellistes,
traduction de Janine Gillon et Phan the Hong. (9) Aussi récemment, on trouve
plusieurs nouveaux titres sur le Viet-Nam comme Vietnam, un peuple, des voix
de Thu van Mai (1983); Les enfants qui rêvaient de traverser la mer par
Duyên Anh (1999) ; Ao dai : du Couvent des oiseaux à la jungle du Vietnam
par une ancienne élève du couvent de Dalat, Phưong Xuân avec la collaboration
de Danielle Mazingarbech (2001); Vietnam, réflexes et réflexions de
Hoang M (2003 ?). En 1999, Nguyên viêt Ha produisit Une opportunité de Dieu
tandis que les sœurs Tran-Nhut ont donné Le temple de la grue écarlate;
les deux sœurs Trân-Nhut, Thanh-Van et Kim, physicienne et ingénieur,
écrivirent ensemble une série de romans policiers et légendes dans la
collection Enquête du mandarin Tan, dignitaire du régime féodal du XVIIe
siècle avec trois autres titres: L’ombre du prince (2000), la poudre
noire du Maître Hou (2002) et L’aile d’airain (2003). Nguyen huu
Khoa donna trois titres: Le temple de la félicité éternelle (1985), La
montagne endormie (1987) et La métamorphose de la tortue (1995). La
tradition des contes et légendes se développe avec plusieurs auteurs et une
variété des titres : Đặng Như Tùng avec Contes et légendes du Vietnam
(1996), Nguyên Nga avec plusieurs contes comme A la recherche du soleil, Le
buffle et le grain de riz, Légende des gâteaux du Têt (tous en
1983). Hữu Ngọc écrit plusieurs titres, Esquisse pour un portrait de la
culture du Viet-Nam (1997) et Fleurs de pample-moussier. Dans la
série culture du Viêt-Nam, présentant la culture nationale vietnamienne au
public occidental, ce sont L’esprit du Viet Nam: croyance, culture, société
par Agustino Phan Nhung (1997), Histoire du Viet-Nam des origines à 1858
(1992) et Voyage dans la culture du Viet-Nam (2001) par Lê thành Khôi et
La mère et l’enfant dans le Vietnam d’autrefois par Ðo-Lam chi Lan
(1999). Les romans et les nouvelles abondent, publiés en France aussi bien
qu’au Viet-Nam, avec des titres écrits directement en français ou traduits du
vietnamien, citons quelques titres: Un amour de métèque de Phạm Huy
Dương (1994), Un géneral à la retraite de Nguyễn Hữu Thiệp (1994), Au
large de la terre promise de Nguyên quang Thân (1997), Fragments de vie en
noir et blanc de Hữu Nguyễn quang Lập (1998), Sous une pluie d’épines de
Traàn Vuõ (1998), La petite marchande de vermicelle de Nguyễn quang
Thiêu (1998) et La songe du hibou de Võ thị Hảo (2000). La génération
jeune compte un nouvel auteur, le candidat au doctorat Trần Quốc Trung qui
produisit successivement La barque (2001), Pigeons: mode d’emploi (2002)
et Dis bonjour à ton père (2003). Le premier explore l’ambiva-lence d’un
réfugié adolescent tiraillé entre le besoin d’intégration et la sauvegarde des
traditions. La situation se complique avec l’engagement de la famille dans la
lutte contre le pouvoir dictatorial et le rêve de l’adolescent sur le pays des
ancêtres. Dans le second, les traces du statut de réfugié sont diminuées en
faveur du rite du passage, sujet éternel dont le caractère change avec chaque
génération.
Nous proposons ici une classification qui tient compte à la
fois du développement, de l’évolution, des idéologies et des thèmes, et aussi
des genres. Toute classification exige des simplifications: les limites de
chaque période restent floues, les genres parfois vont de pair avec les
auteurs; mais dans le cas de certains qui travaillaient dans plusieurs genres,
la classification repose davantage sur les oeuvres que sur les auteurs.
NOTES: LA LITTÉRATURE FRANCOPHONE
1- DeFrancis, John, Colonialism and Language Policy, pp.
129-142. Aymonier, un des administrateurs français qui possédait à fond le
chinois sonna l’alarme contre un enseignement trop développé du Quôc-ngu,
enseignement qui pourrait être dangereux pour la propagation du français et
pour l’existence même du protectorat. Il réussit à faire passer une résolution
pour un enseignement direct du français lors du Congrès Colonial en février
1890. Il suggéra la création d’un "français réduit, simplifié... nègre’’
calqué sur les projets préparés pour la Tunisie et le Sénégal.
2- DeFrancis, -ibid- pp.83-87. Quôc-ngu signifie exactement
langue nationale. La langue vietnamienne a deux écritures, une ancienne,
utilisant les idéogrammes, basée en partie sur les caractères chinoises, appelée
Nôm, et une de plus récente création, utilisant l’alphabet latin, appelée au
début tây quôc-ngu ou la langue nationale (écrite) à l’occidental. Sous
l’administration française, quôc-ngu désigne spécifiquement cette nouvelle
écriture. Plusieurs auteurs ont discuté cette usurpation de nom. La discussion
plus détaillée et peut-être la plus récente a été conduite par DeFrancis.
3- Pham Quynh, Le Viêt-Nam (Paris, 1985), II, 193. Ecrit
d’un diplomate italien, le Comte Sforza, cité par Quynh.
4- Nguyên van Bao, Littératures de langue française hors de
France, pp.633-640; 691-697.
5- Vo Phiên, Hai muoi nam van-hoc miên Nam, 1954-1975
(Van-Nghê, California 1986), pp.20-25.
L’effacement de la littérature vietnamienne sous la République
du (Sud) Viêt-Nam fut entrepris d’une façon systématique par les communistes
après leur succès militaire d’avril 1975. Le 26 mai 1975, à quatre semaines de
leur victoire, ils défendirent la vente de tous les livres publiés sous
l’ancien régime. En juin 1981, ils se vantèrent d’avoir confisqué en tout 3
millions de livres; rien que dans la capitale de Saigon, 60 tonnes de livres
furent confisquées.
Les éditions officielles de l’Etat publièrent un traité sur
la littérature du Sud citant seulement des auteurs originaires du Sud et vivant
au Nord et des auteurs du Nord signant avec des noms de plume dans le Sud: ce
fut, d’après les officiels du régime communiste, la littérature nationale
authentique. Les oeuvres écrites dans le sud sous le régime nationaliste furent
groupées dans un appendice intitulé ‘’littérature dans les zônes occupées’’.
Elles reçurent des critiques sévères: c’étaient des ‘’livres pervers dont la
production était commandée par l’agence américaine CIA pour empoisonner
l’esprit du peuple’’.
6- Daniel, Valérie, La Francophonie au Viêt-nam (Paris,
1992), pp. 7-16.
‘’On aurait pu, écrit Valérie Daniel, s’attendre pourtant,
en raison même de l’ancienneté de leur culture, à ce que les Viêtnamiens soient
à l’origine d’un renouveau dans la littérature francophone, or il n’en fut
rien’’.
En fait, même sous le régime colonial, la littérature
nationale faisait concurrence à la littérature d’expression française. Après
l’indépendance, la littérature quôc-ngu continue à fleurir tandis que le français
cédait le pas parmi les langues étrangères, à l’anglais dans le Sud, au chinois
et au russe dans le Nord.
7- Tristan et Iseut: première traduction entre les deux
Guerres Mondiales; nouvelle traduction, améliorée selon le nouveau texte de
Bédier, après l’unification du pays en 1975.
8- Van Magazine, 76, avril 03 : Traduction en Vietnamien par
Nguyen dang Thuong avec la permission de l’auteur et de l’éditeur; critiquée
par Pham thi Hoai et applaudie par Dinh Linh.
9- Van Magazine, 49&50, janvier 01 : 197-9. Van Magazine
a rapporté que la collection La fille du fleuve contient la traduction de Le
Paradis… et après de Nguyen binh Thanh, (qui a paru dans Le serment au clair de
lune), sans mentionner la source du texte traduit ou le nom de la traductrice ;
et naturellement, sans son autorisation.
Tóm-tắt Bài trình-bày một đề-nghị sắp-xếp
dòng văn-học Pháp-ngữ cuả Việt-Nam
Giai-đoạn 1: Hậu-bán thế-kỷ 19: giai-đoạn sửa-soạn do Pétrus Ký, Paulus Cuả
phát-triển chữ Quốc-ngữ và thảo-sách giảng-giậy tiếng Pháp
Giai-đoạn 2: Phần tư đầu thế-kỷ 20: giai-đoạn phát-triển có một số tác-phẩm khá
rộng-rãi về nhiều loại
Giai-đoạn 3: Khoảng 1925 đến giưã thế-kỷ: giai-đoạn trưởng-thành phong-phú, nhiều
tác-phẩm, nhiều loại và nhiều chủ-đề.
Giai-đoạn 4: Khoảng giưã thế-kỷ đến 1975: giai-đoạn phân-tán: ngoài bắc cộng-sản
thưa-thớt, trong Nam sản-xuất từ-từ, tác-giả tại Pháp sản-xuất nhiều hơn.
Giai-đoạn 5: Cuối thế-kỷ: ở Việt-Nam tác-phẩm sáng-tạo ít, chủ về dịch-thuật
nhiều hơn; các tác-giả gốc Việt ở ngoại-quốc sản-xuất ngày một thêm.
Summary A classification of Francophone
literature of Viêt-Nam was suggested.
Period 1 : Latter half of 19th century : period of preparation, dominated by
the efforts of Petrus Ky and Paulus Cua who laid the foundation for Quơc-ng?
and French study.
Period 2 : First quarter of 20th century : period of formation with several
works of various literary categories.
Period 3 : Second quarter of 20th century : period of full development ; there
were a large corpus of works in various literary categories and with various
themes.
Period 4 : Third quarter of 20th century: severe restriction in the North, slow
but steady production in the South and more active production in France.
Period 5 : Last quarter of 20th century: in Viet-Nam: mainly translated works, Overseas:
newer and more creative activities by authors of Vietnamese heritage.